Abstract
La douleur est un phénomène multifactoriel impliquant la totalité de l’individu et rendant sa prise en charge complexe (aspects physiologiques, émotionnels, cognitifs, sociaux). Soulager la douleur est la priorité des praticiens et les thérapies manuelles sont utilisées par les physiothérapeutes pour leur action sur la modulation périphérique et centrale de la douleur. Dans un contexte d’émergence de nouveaux modèles thérapeutiques cherchant à expliquer les mécanismes d’action des thérapies manuelles, l’étude du système fascial et son traitement suscitent un intérêt croissant de la part des chercheurs et cliniciens. La fasciathérapie Méthode Danis Bois (MDB) par son approche ciblée sur le tonus fascial combinée à une dimension relationnelle du toucher contribue à la modélisation de ce nouveau paradigme. Cette enquête exploratoire menée auprès d’une population de physiothérapeutes français donne un aperçu de l’intérêt d’utiliser cette thérapie manuelle dans la prise en charge de la douleur.
Méthode
Cette étude a sondé 446 physiothérapeutes français qui ont également été formés à la fasciathérapie Méthode Danis Bois. Un sondage en ligne (site Web) a été effectué à l'aide d'un questionnaire auto-administré, personnalisé et non validé.
Deux questions fermées (échelle Likert) leur ont été posées pour évaluer selon eux les améliorations (1. Pas d'amélioration, 2. Peu d'amélioration, 3. Amélioration importante, 4. amélioration très importante) sur l'efficacité de la réduction de la douleur physique et mentale.
Il avait également deux questions ouvertes sur le(s) type(s) de douleur sur lesquelles il y avait plus ou moins d'amélioration. Les praticiens qui ont répondu ont pu donner un maximum de 6 réponses et pouvaient aussi répondre «aucun».
Results
Seulement 238 (53%) questionnaires qui ont été complètement remplis ont fait l'objet de l'analyse.
1. Physical and suffering pain improvement
Réponses |
Douleur physique n |
Douleur physique % |
Souffrance psychique n |
Souffrance psychique % |
Pas d'amélioration (1) | 0 | 0 | 2 | 0,8% |
Peu d'amélioration (2) | 10 | 4,2% | 36 | 15,1% |
Amélioration importante (3) | 144 | 60,5% | 105 | 44,1% |
Amélioration très importante (4) | 84 | 35,3% | 95 | 39,9% |
Total | 238 | 100% | 238 | 100% |
2. Douleurs et pathologies les plus et les moins améliorées
Tous les enquêtés ont indiqué avoir obtenu une amélioration sur au moins une pathologie rencontrée dans leur cabinet. Plus de la moitié d’entre eux (n = 129, 51,5%) disent ne pas avoir obtenu d’amélioration sur au moins une pathologie. Nous pouvons ainsi estimer qu’une forte proportion d’entre eux (n = 109, 46%) déclare avoir une amélioration sur l’ensemble des pathologies auxquelles ils font face dans leur pratique quotidienne.
Leur avis sur les améliorations était le meilleur pour : les maux de tête (n = 110, 46,2%), les douleurs du cou (n = 82, 34,5%), les douleurs aiguës du bas du dos (n = 76, 31,9%), les douleurs chroniques au bas du dos (n = 47, 19,7%) et migraines (n = 37, 15,5%)
Conclusion
L’intégration d’approches thérapeutiques manuelles holistiques ancrées dans un modèle biopsychosocial est pertinente dans la prise en charge de la douleur. Les thérapies manuelles centrées sur le fascia et développant les habiletés perceptives et relationnelles du toucher telles que la fasciathérapie MDB ont toute leur place dans ce nouveau paradigme et constituent une voie de recherche et de pratique pertinente. Du point de vue des physiothérapeutes, cette approche s’intègre parfaitement à leur pratique, agit autant sur la douleur physique que sur la souffrance psychique et améliore notablement leur efficacité sur la prise en charge des douleurs du système musculo-squelettiques. D’autres études comparant cette approche à d’autres techniques de thérapie manuelle ou de thérapie des fascias seraient nécessaires pour en identifier les bénéfices réellement spécifiques.