Cette recherche vise à identifier les impacts de la relation au Sensible d'un médecin dans sa pratique professionnelle auprès de patients atteints de maladie grave, notamment sur le plan relationnel. Après avoir développé les enjeux éthiques et thérapeutiques de la relation médecin / malade, et les spécificités de la relation de réciprocité actuante mise en œuvre dans la relation au Sensible, est présentée la posture épistémologique qualitative et compréhensive. Le chercheur a ensuite effectué une démarche biographique impliquant l’intervention de deux co-chercheurs sous la forme d’une interview. Sur cette base de données, a été déployée une méthodologie d’analyse d’inspiration phénoménologique et herméneutique, donnant lieu à une interprétation des données qui éclaire le questionnement de départ. Cette recherche s’inscrit dans le courant de la recherche-formation et le résultat qui en découle va dans le sens d’une meilleure compréhension de ma pratique relationnelle sensible en tant que médecin auprès de patients atteints de maladie grave.
Contextualisation
Les enjeux actuels de la relation médecin patient
Les évolutions légales et sociétales ont fait basculer la relation médecin/patient du paternalisme vers le partenariat en santé, obligeant le médecin à renouveler ses compétences relationnelles notemment auprès des patients atteinst de maladie grave.
L'expérience singulière d'un médecin en soin palliatifs
En se formant à la somato-psychopédagogie, qui apprend à développer une dynamique relationnelle à partir d'un rapport direct et conscient avec sa propre intériorité corporelle (appelé "corps sensible", le chercheur, médecin de formation a constaté un gain d'aisance relationnelle dans sa pratique en soins palliatifs
Une recherche qualitative en première personne radicale
Nous avons mené une recherche depuis notre pratique de praticien-chercheur dans une démarche heuristique afin de préciser les impacts du rapport au corps sensible sur nos difficlutés de médecin dans la relation au patient atteint de maladie grave.
Méthodologie de recherche
Co-construction d'un guide d'entretien basé sur l'expérience de la relation au sensible dans la relation au patient, le rapport à la souffrance, la gestion de la distance relationnelle. Deux chercheurs tiers ont réalisé des entretiens en profondeur semi-directifs. J'ai réalisé une description rétrospective de mon expérience (19 pages), puis une analyse catégorielle et herméneutique ciblée sur les difficultés relationnelles et les impacts de la relation au corps sensible sur ces difficultés. Une nature de difficulté non anticipée est apparue dans ce processus d'analyse et a donné lieu à une catégorie émergente.
Résultats
Il m’est apparu lors du développement théorique que le soignant se devait de rester profondément humain dans sa relation au patient (Buckman, Daneault, Vespiren), mais que dans le cas de maladie grave, cela semblait une équation impossible: comment se laisser toucher, sans être trop touché ? Comment être proche, mais suffisamment distant ? J’arrive à la fin de ma recherche, et je peuxformuler clairement que ce questionnement a trouvé des éléments de réponse, dans l’établissement d’une relation au patient faisant appel à la dimension du corps sensible du soignant. Il s’agit alors pour le soignant de gérer le rapport perceptif à lui-même, plutôt que de gérer la distance au patient ; il s’agit de s’impliquer totalement dans son acte de perception jusqu’à s’éprouver soi-même, plutôt que de s’impliquer émotionnellement ; il s’agit d’être touché par le goût de soi que donne la relation à son corps sensible plutôt que d’être touché uniquement par ses émotions ; il s’agit de pénétrer un lieu de stabilité depuis lequel il est possible de se laisser altérer plutôt que de mettre en jeu une blessure ou une vulnérabilité... Il ne s’agit pas d’être ‘un peu’ touché émotionnellement, mais d’être totalement touché sur le mode du Sensible, et de découvrir comment cet éprouvé, non seulement ne gêne pas la démarche de soin, mais la guide, et bien plus encore: en est le fondement. C’est ainsi qu’être touché s’envisage alorspour moi comme «attitude de prendre soin» (Austry, 2009, p. 145).
Conclusion
D'autres études incluant une plus grande population et des professionnels de soins différents serait intéressante à mener afin d'enrichi et d emoduler les résultats de cette recherche exploratoire qui amène à se questionner sur la place et l'importance du rapport du soignant à son propre corps dans la formation et lapratique médicale. L'enrichissement de ce rapport sur le mode du sensible apparait une voie d'apprentissage pertinente bien que peu usitée poru le développement de compétences relationnelle chez le soignant.