Relation sur le mode du Sensible et pratique médicale auprès de patients atteints de maladie grave

Relation
Auteur(s) :

Mathilde Gros - Médecin généraliste, fasciathérapeute

Cette recherche vise à identifier les impacts de la relation au Sensible d'un médecin dans sa pratique professionnelle auprès de patients atteints de maladie grave, notamment sur le plan relationnel. Après avoir développé les enjeux éthiques et thérapeutiques de la relation médecin / malade, et les spécificités de la relation de réciprocité actuante mise en œuvre dans la relation au Sensible, est présentée la posture épistémologique qualitative et compréhensive. Le chercheur a ensuite effectué une démarche biographique impliquant l’intervention de deux co-chercheurs sous la forme d’une interview. Sur cette base de données, a été déployée une méthodologie d’analyse d’inspiration phénoménologique et herméneutique, donnant lieu à une interprétation des données qui éclaire le questionnement de départ. Cette recherche s’inscrit dans le courant de la recherche-formation et le résultat qui en découle va dans le sens d’une meilleure compréhension de ma pratique relationnelle sensible en tant que médecin auprès de patients atteints de maladie grave.

Contextualisation

Les enjeux actuels de la relation médecin patient

Les évolutions légales et sociétales ont fait basculer la relation médecin/patient du paternalisme vers le partenariat en santé, obligeant le médecin à renouveler ses compétences relationnelles notemment auprès des patients atteinst de maladie grave.

L'expérience singulière d'un médecin en soin palliatifs

En se formant à la somato-psychopédagogie, qui apprend à développer une dynamique relationnelle à partir d'un rapport direct et conscient avec sa propre intériorité corporelle (appelé "corps sensible", le chercheur, médecin de formation a constaté un gain d'aisance relationnelle dans sa pratique en soins palliatifs

Une recherche qualitative en première personne radicale

Nous avons mené une recherche depuis notre pratique de praticien-chercheur dans une démarche heuristique afin de préciser les impacts du rapport au corps sensible sur nos difficlutés de médecin dans la relation au patient atteint de maladie grave.

Méthodologie de recherche

Co-construction d'un guide d'entretien basé sur l'expérience de la relation au sensible dans la relation au patient, le rapport à la souffrance, la gestion de la distance relationnelle. Deux chercheurs tiers ont réalisé des entretiens en profondeur semi-directifs. J'ai réalisé une description rétrospective de mon expérience (19 pages), puis une analyse catégorielle et herméneutique ciblée sur les difficultés relationnelles et les impacts de la relation au corps sensible sur ces difficultés. Une nature de difficulté non anticipée est apparue dans ce processus d'analyse et a donné lieu à une catégorie émergente. 

Résultats

Il m’est apparu lors du développement  théorique  que  le  soignant  se devait  de  rester profondément  humain  dans  sa  relation  au  patient  (Buckman,  Daneault,  Vespiren),  mais  que dans  le  cas  de  maladie  grave,  cela  semblait  une  équation  impossible:  comment  se  laisser toucher, sans être trop touché ? Comment être proche, mais suffisamment distant ? J’arrive à la  fin  de ma recherche,  et je  peuxformuler  clairement  que  ce  questionnement  a  trouvé  des éléments  de  réponse,  dans  l’établissement  d’une  relation  au  patient  faisant appel  à  la dimension du corps sensible du soignant. Il s’agit alors pour le soignant de  gérer  le  rapport perceptif  à lui-même,  plutôt  que  de  gérer  la  distance  au patient ;  il  s’agit de s’impliquer totalement  dans  son  acte  de  perception  jusqu’à  s’éprouver  soi-même,   plutôt   que   de s’impliquer émotionnellement ; il s’agit d’être touché par le goût de soi que donne la relation à son corps  sensible  plutôt  que d’être touché uniquement par ses émotions ;  il  s’agit  de pénétrer  un  lieu  de  stabilité  depuis  lequel  il  est  possible  de  se  laisser altérer  plutôt  que  de mettre  en  jeu  une  blessure  ou  une  vulnérabilité... Il ne s’agit pas d’être ‘un peu’ touché émotionnellement, mais d’être totalement touché  sur le mode du  Sensible,  et  de  découvrir comment cet éprouvé, non seulement ne gêne pas la démarche de soin, mais la guide, et bien plus encore: en est le fondement. C’est ainsi qu’être touché s’envisage alorspour moi comme «attitude de prendre soin» (Austry, 2009, p. 145).

Conclusion

D'autres études incluant une plus grande population et des professionnels de soins différents serait intéressante à mener afin d'enrichi et d emoduler les résultats de cette recherche exploratoire qui amène à se questionner sur la place et l'importance du rapport du soignant à son propre corps dans la formation et lapratique médicale. L'enrichissement de ce rapport sur le mode du sensible apparait une voie d'apprentissage pertinente bien que peu usitée poru le développement de compétences relationnelle chez le soignant.

 

Mathilde Gros

Sources: 

Bois Danis. 2008. De la fasciathérapie à la somato-psychopédagogie : analyse biographique du processus d'émergence de nouvelles disciplines. Réciprocités, (2). 6-18.
Bois Danis, Bourhis Hélène, Bothyune Ghyslaine., 2013, "La ddynamqiue de recherche anticipation /émergence : approche catagorielle innovante du récit autobiographique d'une patiente ayant traversé l'épreuve du cancer", Recherche qualitative. Hors Série (15). pp 116-131.
Gros Mathilde. 2012, Relation sur le mode du Sensible et pratique médiacle auprès de patients atteints de maladie grave. Démarche biographique en première personne raddicale. Mémoire de master en psychopédagogie perceptive, Université Fernando Pessoa.