Un accompagnement à médiation corporelle et sensible peut-il avoir une incidence positive sur l’estime de soi ?
Abstract
Introduction :
Un accompagnement à médiation corporelle et sensible peut-il avoir une incidence positive sur l’estime de soi ? Les nombreuses recherches relatives au corps et à son impact sur l’estime de soi concernent souvent la perception de l’apparence physique. Notre recherche ne se limite pas à cette dimension corporelle, elle fait référence à la perception de soi dans une dimension sensible et corporelle. La question du corps sensible[i] convoque l’idée d’un rapport au corps comme lieu d’accès à une connaissance intime de soi susceptible d’influencer la dialectique estime de soi/corps vécu.
Cet article s’appuie sur l’exploration quantitative réalisée dans le cadre d’une recherche doctorale[ii] en sciences sociales à l’Université Fernando Pessoa de Porto (Portugal) qui évalue l’impact de la somato-psychopédagogie[iii] sur l’estime de soi. La somato-psychopédagogie est une approche à médiation corporelle et sensible qui développe la perception et la conscience de soi et propose un cadre d’expérience permettant à la personne de renouveler son rapport à elle-même.
Méthodologie : Pour étudier les effets sur l’estime de soi, une étude observationnelle in situ, a été conduite en analysant les réponses sur l’échelle de Rosenberg[iv], avant et après une série de 12 séances de somato-psychopédagogie. Ces séances ont été réalisées par 12 praticiens experts de cette approche (étude multicentrique) et menées auprès de 17 personnes lambda, non choisies sur des critères de problématique d’estime de soi.
Résultats: L’âge moyen du groupe est de 46,4 ans ± 6,3 ans. Les 12 séances d’accompagnement se sont déroulées sur une durée moyenne de 12,3 mois. Avant la prise en charge somato-psychopédagogique, le score moyen d’estime de soi de 24,3 ±6,3 s’est avéré très significativement inférieur à la moyenne standard de l’échelle (test t unilatéral, p=0,001). À l’issue des 12 séances de somato-psychopédagogie, le score moyen du groupe atteint 31,8 ±5,4 rejoignant la moyenne standard (test t unilatéral, p>0,1). Cette augmentation très significative (+7,5 points, test t bilatéral, p=0,001) se traduit par une augmentation du niveau étalonné, qui passe d’un niveau très faible (<25) à un niveau moyen (entre 31 et 34).
Conclusions : Les résultats de cette étude montrent une forte amélioration de l’estime de soi, sur une population de niveau initial faible à très faible. Ces résultats plaident en faveur d’une efficacité de l’utilisation de techniques corporelles sensibles qui accordent une place centrale à la sensibilité corporelle et à la conscience corporelle. Dans cette perspective l’éprouvé corporel est susceptible de générer un état d’être qui participe au rétablissement de l’estime de soi.
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[i] Bois, D., & Austry, D. (2009). Vers l’émergence du paradigme du Sensible. In D. Bois, M.-C. Josso, & M. Humpich (Éd.), Sujet sensible et renouvellement du moi: les apports de la fasciathérapie et de la somato-psychopédagogie (p. 105-135). Ivry sur Seine: Point d’appui.
[ii] Bouchet, V. (2006). Psychopédagogie perceptive et motivation immanente - Etude du rapport à la motivation dans un accompagnement à médiation corporelle d’adultes en quête de sens (mémoire de mestrado). Université moderne de Lisbonne, Lisbonne.
[iii] Bois D. (2008). The wild region of lived experience. Using Somatic-Psychoeducation, North Atlantic Editor, USA.
[iv] Rosenberg, M. (1979). Conceiving the self. New-York: Basic Books.